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Manager de transition, activité par défaut ou métier d'avenir ?

Management de transition 2Résumé

Présentation du métier de manager de transition, de son marché, des moyens de débuter et réussir et de ses perspectives d'avenir.

 

Le métier de manager de transition

Être manager de transition consiste à prendre momentanément la responsabilité d’une équipe, d’un service, d’une organisation, d’un site ou d’une entreprise pour le ou la conduire rapidement de sa situation actuelle à un état maîtrisé prédéfini. Tous les métiers de manager peuvent être exercés dans ce cadre, mais les plus répandus sont ceux de : directeur général, directeur ou responsable administratif et financier, des relations humaines, d’usine, de production, logistique, achats, informatique,… Il est recommandé d’être un homme ou une femme, très expérimenté(e) et rompu(e) à la conduite d’équipes, pour être un bon manager de transition.

Les missions s’exercent dans le cadre d’un contrat ou d’une lettre de mission entre le donneur d’ordre et le manager, ou par l’intermédiaire d’un cabinet de management de transition. Il peut y avoir d’autres organismes intermédiaires, plus rares, comme des cabinets de recrutement ou des sociétés de services financiers.

Les statuts des managers de transition sont variés : libéral dans le cade d’une EURL, mais aussi SA ou SAS, salarié par l’intermédiaire d’une société de portage, ou en CDD, intérimaire, salarié d’un cabinet de management de transition intégré. Certains cabinets de management de transition exigent le statut d’intérimaire.

Le manager de transition trouve ses missions par son réseau ou par l’intermédiaire des cabinets de management de transition. Il existe aussi des associations de managers de transition, comme Skills-Alliance, qui permettent aux managers d’être moins isolés et de partager compétences et moyens commerciaux.

Les types de missions sont très variés : amélioration de performance, gestion de crise, redressement d’entreprise, fermeture d’une entreprise ou d’un site, missions liées à des opérations de croissance externe (intégration d’une nouvelle filiale, gestion de la fusion de deux sociétés, management durant la session d’une filiale), direction de projet, création d’une nouvelle fonction dans l’entreprise. D’autres types de missions ne sont pas à proprement parler du management de transition, mais peuvent être proposés à des managers de transition : intérim entre le départ d’un manager et l’arrivée de son remplaçant, conseil opérationnel.

Le taux d’occupation d’un manager de transition, c’est-à-dire le temps moyen qu’il passe en mission sur une période donnée est d’ordinaire faible. Une enquête au Royaume Uni, marché bien plus mature que le marché français, évalue ce taux à environ 50 % en moyenne. Il n’y a pas à ma connaissance de statistiques sur le marché français, mais pour beaucoup de manager le taux d’occupation y est plus bas. Je ne l’ai jamais vu dépasser le niveau de 80 % sur plusieurs années de suite.

Pour découvrir le métier de management de transition du point de vue des donneurs d’ordre, lire : Le management de transition : pourquoi ? Quand ? Comment ?

 

Le marché du management de transition

Ce marché est peu structuré, avec des limites floues entre le métier de management de transition et le conseil ou l’intérim. Il est donc difficile d’avoir des chiffres exacts à son sujet. Sa dimension est évaluée, suivant les sources, à 1500 à 3000 missions proposées par an en France. Le marché des missions de DAF en représenterait environ 25 %, celui des DRH environ 25 %, celui des DG variable suivant les années autour de 20 %, les autres métiers se partageant le reste du marché. En 2011, le chiffre d’affaires du marché français est estimé à 200 à 300 M€ annuels, bien plus petit que les marchés du Benelux, supérieur à 2MM€, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne.

Il y aurait environ 300 managers de transition professionnels en France et des milliers de candidats à ce métier, par défaut ou le considérant comme un moyen de décrocher dans une seconde étape un CDI.

Le marché est divisé entre le marché direct et celui des cabinets de management de transition. La plupart des cabinets entretiennent un pool de managers, indépendants du cabinet et enregistrés dans une base de données. Un des leaders du marché annonce 6000 managers dans sa base de données, certains se concentrent sur une centaine de managers avec lesquels ils entretiennent des relations plus ou moins approfondies suivant les cabinets. Quelques uns ont formé des clubs de managers, dans le cadre desquels se déroulent des conférences, des rencontres, ou des formations. Quelques rares cabinets sont intégrés c’est-à-dire qu’ils emploient en CDI des managers de transition. A noter que certains cabinets exercent en même temps les activités de management de transition et de recrutement.

Ce métier peut s’exercer dans tous les domaines, mais plus de la moitié des missions se déroulent dans le secteur industriel.

 

Comment devenir manager de transition

La plus grande partie des managers de transition n’ont pas de diplôme de manager de transition. L’université de Dauphine propose depuis quelques années un cursus de formation diplômant dans ce secteur, mais avoir un tel diplôme n’a jamais été une condition pour être retenu dans la centaine de missions qui m’ont été proposées, de même pour tous les managers de transition professionnels de mon entourage. Apparaît parfois sur certains réseaux sociaux des offres de mission exigeant un diplôme ou un certificat de manager de transition, mais à ma connaissance et jusqu’à présent elles sont toutes révélées être des arnaques. Lire à ce sujet la note Certification du Manager de Transition.

Être manager de transition exige les compétences suivantes : bien maîtriser un métier, par exemple la direction financière, en avoir au moins une vingtaine d’années d’expérience, dont au moins une dizaine à un niveau de direction, être un homme à forte capacité d’adaptation, résistant au stress, avec une bonne et rapide capacité d’analyse, orienté résultat, manager d’hommes efficace, bon communicateur autant vis-à-vis de ses équipes, que du donneur d’ordre et de toutes les parties prenantes.

Fort de ses qualités, il faut réussir à décrocher une première mission, ce qui demande en plus un mélange de savoir-faire commercial et de bon concours de circonstances : être l’homme de la situation au bon moment et au bon endroit.

 

Comment réussir dans ce métier

Vous terminez votre première mission et vous souhaitez devenir manager de transition professionnel avec un taux d’occupation bien supérieure à 50 %. Quelles sont les clés de la réussite ?

Avant tout, bien sûr, s’appuyer sur des réussites professionnelles en rapport avec votre offre de services. Mais ne vous contentez pas de votre longue expérience ! Sans arrêt, en mission et en intermission, remettez-vous en question, mettez-vous à jour des dernières tendances dans votre métier, développer vos connaissances. Je vous recommande pour cela l’approche Savoir être et savoir-faire du Manager au XXIe siècle.

Être bon dans son métier ne suffit pas. Vous devez aussi être extrêmement efficace sur le plan commercial et marketing. Comme le démontrent les chiffres du marché présentés plus haut, les opportunités de mission en rapport avec votre savoir-faire et au moment où vous êtes disponible sont rares. Il faut donc maximaliser les chances d’en être informé, puis de faire parti de la short list des candidats retenus et enfin d’être sélectionné. Cela passe par une bonne connaissance de votre marché sans cesse en évolution et avec peu d’indicateurs, par la mise au point d’une offre de services adaptée à vos savoir-faire et aux besoins du marché et qui vous différencie par rapport à la concurrence et surtout par une forte capacité de persuasion.

Vous devez avoir aussi l’âme d’un indépendant, apte à affronter des missions difficiles, souvent sans support, et des intermissions souvent longues, parfois de nombreux mois et sans parachute.

Faut-il être un expert ou un manager polyvalent ? L’expertise technique peut être utile pour réussir une mission précise, mais ce sont surtout la capacité d’adaptation à toutes sortes de situations, la faculté d’exploiter et d’harmoniser les expertises des femmes et hommes en présence qui permettent au manager de transition de réussir et d’enchaîner les missions. Être capable de tenir différents postes demanagement, multiplie les chances de trouver des missions, mais attention à la communication sur de multiple savoir-faire qui peut rendre votre message peu audible et peu convaincant.

Peut-on bien vivre de ce métier ? Sur une période pleine, le statut de manager de transition peut être plus rémunérateur qu’un CDI. Cela dépend de sa capacité à bien se vendre et de la présence ou non d’un cabinet de management de transition qui doit lui aussi se rémunérer. Mais attention, le niveau de rémunération moyen d’un manager de transition dépend aussi de son taux moyen d’occupation. Pour conclure sur ce point, la rémunération dans ce métier est extrêmement variable d’une année à l’autre et d’un manager à l’autre. L’intérêt du métier est plutôt ailleurs : le goût de la liberté et du changement ou le plaisir de relever des challenges.

Pour réussir, je vous recommande de ne pas jouer en solo mais d’intégrer un groupement de travailleurs indépendants, idéalement une association de managers de transition. Il y en a une dizaine en France, dont quelques groupements au sein d’associations d’anciens élèves de grandes écoles. Skills–Alliance, par exemple regroupe des dirigeants opérationnels et indépendants, partageant une marque et plusieurs moyens de communication, se réunissant régulièrement physiquement ou par téléconférence et mettant en commun leur savoir-faire et leur réseau pour trouver et réussir des missions. Tous ses membres actifs sont actuellement en mission.

 

Un métier d’avenir

Le monde est en transition : domination croissante de la sphère financière poussant à plus de rentabilisation rapide des entreprises, crises économiques à répétition, internationalisation des marchés,  des activités et du personnel, marchandisation de nouveaux secteurs, dépendance croissante des organisations aux nouvelles technologies, accélération du renouvellement des produits, multiplication des réglementations …

Toutes ces tendances du début du XXIe siècle exigent des entreprises toujours plus d’adaptation et donc toujours plus de managers aptes à gérer ces transitions, parfois dans l’urgence … Peu d’entre elles ont le réservoir de managers capables de répondre à ces exigences. Le management de transition a donc toute sa place dans ce contexte, comme nous pouvons le constater dans plusieurs marchés de pays européens bien plus développés que la France dans ce domaine.

De plus, le manager de transition a un atout que n’a pas un manager ordinaire : l’alternance de missions et d’intermissions de plusieurs mois. S’il sait bien les mettre à profit, elles lui permettent d’enchaîner période de formation professionnelle et développement personnel; de mise en pratique en cours de mission en situation souvent exigeante; puis période de bilan, remise en cause et à nouveau formation professionnelle et développement personnel, ainsi de suite afin de gagner de plus en plus en efficacité. Étant donné l’exigence grandissante des postes de responsabilité dans le monde économique de ce début du XXIe siècle, appréhendé ainsi, le management de transition est bien un métier d’avenir.

Didier Douziech

Pour en savoir plus :

Source de l'image : www.vectorstock.com

Commentaires

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Nicolas Huard

Article extrêmement efficace et parfaite description de ce métier et de son environnement.

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