Lettre ouverte aux dirigeants d’entreprises du XXIe siècle
15 avril 2013
En tant que dirigeant d’entreprise vous ne pouvez pas ignorer les crises traversées par notre civilisation en ce début du XXIe siècle : crise économique (crise de l’euro, fragilité du système financier mondial, …), crise environnementale (dérèglement climatique, chute de la biodiversité, pénurie de matières premières, crise de l’eau, pollutions diverses…), crise énergétique, crise sociale (toujours plus de très riches et de pauvres), crise politique (rejet de la sphère politique, problème de gouvernance de l’Europe, problèmes de gouvernance mondiale), …
Votre entreprise a peut-être déjà engagé une démarche de « développement durable » ou « RSE », par obligation de reporting, à des fins commerciales ou de communication, sous la pression de votre environnement, ou peut-être motivé par votre désir d’agir sur le plan social, écologique, ou éthique. Mais cette démarche n’est pas structurante, elle a peu d’influence sur les membres et l’environnement de votre entreprise et encore moins sur les crises citées en introduction.
Vous êtes avant tout un être humain, sûrement père ou mère de famille, conscient de la nécessité d’agir pour préserver au mieux l’avenir de vos enfants et contribuer grâce à votre statut de dirigeant à l’amélioration de la société humaine. Mais votre priorité professionnelle reste principalement économique, ce qui bien sûr ne suffit pas. Pourquoi ?
A priori, par ce que vous êtes enfermé dans le grand dilemme du dirigeant du XXIe siècle. Vous ne trouvez pas de réponse satisfaisante aux questions suivantes : que puis-je faire à mon niveau pour contribuer véritablement à la résolution de ces crises tout en garantissant la meilleure réussite possible de mon entreprise ? Comment concilier résultats économiques et responsabilités sociale, sociétale et environnementale ?
L’importance du dilemme est inversement proportionnelle à votre puissance. Plus vous avez de comptes à rendre aux diverses parties prenantes (système financier, actionnaires, employés, marché, …), plus vos convictions sociales, sociétales et environnementales sont contrées par la peur d’être incompris et la crainte de l’échec. Le dilemme est aussi aggravé par l’importance des changements nécessaires, les risques qu’ils comportent, le manque de référence et de marche à suivre, l’inconnu … En effet, il n’y a pas de recette miracle, réussir l’intégration du développement durable dans la stratégie et le management de n’importe quelle entreprise nécessite une démarche personnalisée et peu de dirigeants en ont les compétences.
Enfin, peut-être que la situation financière de votre société et le contexte économique difficile et imprévisible rendent actuellement ce type de projet incongru à vos yeux. Et pourtant, justement, dans beaucoup de cas il faut ce type de changement radical pour sortir par le haut, en particulier sur le plan économique. Quel dilemme !
Voici une proposition de démarche pour sortir de ce dilemme :
- Fixez-vous comme priorité : la Performance Globale de votre entreprise, c’est-à-dire performance sur les plans économique, environnemental, social et sociétal, en synergie.
- Prenez conscience de la gravité de la situation afin de gagner en conviction. Pour cela informez vous sur les aspects économiques et politiques (ce n’est pas difficile, les médias nous inondent de news à ce sujet), mais aussi sur les crises environnementale (souvent mal traitée dans les médias grands publics) et sociale. Dans la mesure du possible confrontez-vous à ces crises.
- Connectez-vous à des cercles de dirigeant et managers traitant de ces sujets : beaucoup d’associations d’anciens élèves de grandes écoles et chambres consulaires ont des structures « développement durable » ou « responsabilité sociale et environnementale », et vous avez sûrement dans votre réseau des dirigeants plus avancés que vous dans cette démarche.
- Formez-vous sur ces sujets et les moyens de les traiter.
- Renforcez vous personnellement, en développant votre savoir être et votre savoir-faire de dirigeant, car la démarche sera longue et difficile.
- Appliquez ces résolutions à vos équipes
- Enfin, agissez avec intelligence et ténacité, par vos propres moyens ou en vous faisant aider.
Pour en savoir plus :
- Savoir être et savoir-faire du Manager au XXIe siècle
- Comment intégrer le Développement Durable dans la stratégie et le management de l’entreprise.
- Crise et performance durable
Source de la photo : http://gps.cjd.net
Article très intéressant. Je trouve que nos politiciens, devraient créer davantage de conditions favorables, et plus d'harmonies entre les pays pour que cette démarche s'accélère.
Le développement durable est une nécessité pour notre avenir. Il est nécessaire de renforcer les responsabilités sociale, sociétale et environnementale des entreprises. Mais pour bien réussir dans la Performance Globale de l' entreprise: économique, environnemental, social et sociétal, en synergie il est important que nous trouvions des convergences réglementaires plus importantes. Rien qu'au niveau de l'Europe, nous connaissons des différences sociales, fiscales ou réglementaires qui ne sont pas sans conséquences sur les résultats économiques d'une entreprise. En effet couts du travail, protection sociale, règlementation environnementale, ne sont pas les mêmes avec nos voisins européens. Nous savons que pour poursuivre l'intégration européenne nous devons réduire ces différences. Mais ce processus de convergence est beaucoup trop long à se mettre en place...Et dans notre économie mondialisée le développement durable devrait se réaliser à l'échelle de la planète. Nous n'arrivons pas à progresser rapidement avec nos voisins européens, comment peut-on imaginer une harmonisation mondiale, alors que le réchauffement climatique touche toute la planète.
Mais n'attendons pas une harmonisation sociale et environnementale de nos politiques à une trop grande échelle. Une prise de conscience au niveau des dirigeants d'entreprise, et une volonté de progresser dans le développement durable ne pourra être que bénéfique pour tous les acteurs, et préservera l'avenir de nos enfants. Une telle démarche infléchira nécessairement les positions politiques, et devrait permettre de progresser durablement vers une société plus équitable entre les différents pays.
Rédigé par : Patrick Siedel | 17 avril 2013 à 10:28